En France, on a coutume de vanter
notre électricité soi-disant “bon marché” parce que essentiellement d’origine
nucléaire, de favoriser des regroupements d’entreprises parce que
« générateur d’économie d’échelles ». Ou encore de se féliciter de
notre agriculture nourrie aux phytosanitaires « et donc exportatrice ».
Et si tout cela n’était qu’un
leurre ?
Date: 20 February 2016
The Hidden and External Costs of Pesticide Use
·
Des études rares … et bon marché !
Les pesticides pourraient
nous coûter bien plus cher qu’ils nous rapportent, et probablement depuis déjà un certain temps !
Pendant des décennies, les tenants de l’agriculture conventionnelle, proches du
syndicat majoritaire FNSEA, ont chanté le même refrain. « Oh certes, il y
a bien quelques dégâts causés à la santé et à l’environnement, mais ces coûts
ne dépassent pas les bénéfices ».
Mais comment prendre en compte – c’est-à-dire
comptabiliser – les aspects négatifs ?
C’est précisément ce qu’ont essayé de faire Denis
Bourguet et Thomas Guillemaud, deux
chercheurs français de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra),
en analysant le coût des «externalités négatives» de ces produits.
Passant en revue 61 publications de la littérature
scientifique, ils analysent quatre types de coûts, réglementaires (décontamination,
surveillance, etc.), sanitaires, environnementaux et d’évitement. Il s’agit
notamment du lié à l’achat d’aliments bio ou de bouteilles d’eau minérale, ou
encore les équipements de protection pour agriculteurs.
De l’art de
bien noyer le poison …
Premier constat, il est fort probable que chacun de
ces coûts ait été largement sous-estimé. En matière de santé, les effets de
l’exposition chronique pourraient augmenter les coûts, en 2005 aux Etats-Unis,
de 1,5 à 15 milliards de dollars, soit une multiplication par 10.
Les conséquences environnementales, sur la flore, sur
la faune, sur la vie microbienne du sol, n’ont jamais été évaluées. Une étude
fait état d’un coût de 8 milliards de dollars au Etats-Unis en 1992, chiffre
probablement très en-deçà de la réalité.
Les coûts réglementaires atteignaient 4 milliards de
dollars aux Etats-Unis dans les années 2000. Si l’ensemble des procédures
réglementaires avaient été respectées, ils auraient dû atteindre 22 milliards
de dollars. Quant aux coûts d’évitement des pesticides, les auteurs évoquent le
chiffre de 6,4 milliards de dollars au niveau mondial en 2012, uniquement pour
le surcoût lié à l’achat d’aliments bio.
Alors, quel
bilan ?
L’étude chiffre un coût total se rapprochant de 40 milliards
de dollars en 1992, pour un taux bénéfice-coût de 0,7. Pour le dire autrement, les
avantages financiers de l’emploi des pesticides, en termes de productivité
agricole, sont 30% inférieurs aux «externalités négatives».
Et en 2016 ? En l’absence de données plus récentes,
difficile à dire. Mais il y a fort à parier que la situation n’ait pas changé,
voire empirée !
Pesticides,
nucléaire … même combat ?
L'EPR, dont celui de Flamanville, fait face à un
véritable gouffre financier. Estimé à 3,3 milliards en 2005, le coût total est
désormais évalué à plus de 10 milliards d'euros.
La fuite en avant techniciste se paie au prix
fort : maintenance des centrales, sauvetage d'Areva, EPR britanniques,
démantèlement des vieux réacteurs, gestion des déchets, ...
Les financiers déplorent la sortie du CAC 40 :
EDF, hier fleuron de l’industrie française, voit sa valeur boursière divisée
par 8 depuis 2008.
Les pesticides, comme le nucléaire, laissent une
dette énorme – financière, sociale, écologique, sanitaire – aux générations futures.
Quand reconnaitra-t-on que productivisme et
capitalisme sont la ruine de l’humanité ?
Un autre monde, vite !
« On est dépendant quand résister au besoin de
consommer devient impossible. On ne peut plus se passer de consommer un produit
sous peine de souffrances physiques et/ou psychiques. La vie quotidienne tourne
largement ou exclusivement autour de la recherche et de la prise du produit. La
dépendance peut s’installer brutalement ou progressivement, en fonction de
l’individu et du produit. On peut devenir dépendant d’un produit sans s’en
rendre compte » expliquent les sites consacrés à la santé.
« Faites
ce que je dis mais ne dites pas …
A force d’entendre tel ministre ou autre
« responsable » dire qu’il faut réduire l’usage des pesticides, on
finirait presque par croire qu’il n’y en a plus beaucoup !! Qu’on serait
même pas loin d’une alimentation saine, à consommer les yeux fermés !
La réalité est bien différente !
Le Ministère de l’agriculture a rendu publics mardi 8
mars 2016 les nouveaux chiffres sur l’utilisation des pesticides en France. Ils
sont inquiétants. Loin de diminuer, l’usage de pesticides a encore augmenté
entre 2013 et 2014.
Des résultats accablants
Rappelons-nous l’objectif affiché avec emphase lors du
Grenelle de l’environnement : diviser par deux la consommation de
pesticides. C’est un échec : la consommation de pesticides a augmenté de
16% en tonnes entre 2013 et 2014.
Toujours entre 2013 et 2014, les traitements de
semences ont bondi de 31,4% et les produits contenant des molécules suspectées
cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ont augmenté de 12,9%.
Les pesticides imprègnent tous les milieux naturels avec 92% des cours d’eau
pollués et des impacts sur la santé humaine de plus en plus avérés.
Ecophyto 1 … 2 … 3 demain ?
Ce plan, approuvé lors du Grenelle de l’environnement
par l’ensemble des acteurs, se heurte au manque d’engagement d’une majorité
d’agriculteurs, de distributeurs de pesticides et d’organisations agricoles.
En 2014, le ministère a fini par reconnaitre la
réalité : loin de diminuer, entre 2009 et 2013, la consommation de
pesticides continuait à augmenter. De 5 % en moyenne, et même de 9,2 % entre
2012 et 2013. L’Etat français a donc dû revoir ses ambitions à la baisse. La
réduction de 50 % de la consommation de pesticides a donc été reportée de 2018
à 2025.
Du courage ?
Pour atteindre les objectifs du plan Ecophyto, il est
urgent d’interdire les pesticides les plus dangereux. A commencer par les
néonicotinoïdes, des insecticides
dangereux pour les pollinisateurs actuellement en débat dans la loi sur la
biodiversité, du glyphosate, dont la réautorisation est en débat au niveau
européen, et des insecticides utilisés dans le traitement post-récolte des
cultures, à l'origine de la majorité des contaminations de produits
alimentaires.
Rappelons que certains insecticides
- à base de chlorpyriphos-méthyl – sont fortement impliqués dans le
développement des leucémies et des problèmes de neuro-développement chez
l'enfant.
Et pendant ce
temps …
… pendant ce
temps, les enquêteurs de la Concurrence et des Fraudes ( communiqué de la DGCCRF,
2 mars 2016) publiaient le résultat du contrôle
de 5 480 échantillons de produits d’origine végétale (fruits, légumes,
céréales, épices, etc.) mis sur le marché français, contrôle dans lequel 482
substances différentes ont été recherchées.
Résultat :
résidus de pesticides quantifiables dans un échantillon sur deux. Plus
précisément dans 74 % des échantillons de fruits, 59 % des céréales
et un produit d’alimentation infantile sur 16. Les non-conformités touchent
principalement les oranges, ainsi que les pêches et les nectarines.
… et pendant ce temps, l'agriculture industrielle se poursuit. Très
gourmande en pesticides et autres produits phytosanitaires. Les projets de
ferme-usines se multiplient, les petites exploitations familiales disparaissent
1 , les grands groupes agro-alimentaires 2 se portent
bien.
L’Humain
d’abord ? Il est urgent de réagir.
1 - Diminution
de 26 % du nombre de fermes entre 2000 et 2010, en France. En Europe, d’après
la Confédération Paysanne, « une ferme disparait toutes les 3
minutes ».
2 - 10 entreprises dominent ce marché et possèdent la plupart des
marques connues !
En savoir plus sur http://www.consoglobe.com/marques-produits-alimentaires-cg#R6iVwbdqe0BsEePG.99
En savoir plus sur http://www.consoglobe.com/marques-produits-alimentaires-cg#R6iVwbdqe0BsEePG.99
De la planète à mon assiette
Depuis 50 ans, que de changements dans notre façon de
nous alimenter. Nos parents et leurs parents avant eux, ne
consommaient pas comme nous. Leur alimentation était davantage dépendante des
saisons. De plus, certaines générations avaient connu des pénuries : il
leur était impossible de gâcher de la nourriture.
Aujourd’hui, la nourriture est moins chère et la
publicité ainsi que les offres promotionnelles, partout autour de nous,
encouragent sans cesse à acheter en trop grosse quantité et nous n’arrivons
pas à tout consommer.
Jeter de la nourriture ne semble plus « tabou ».
Dans
les champs, les usines, les maisons, au restaurant : il y a en permanence d’énormes
pertes et gaspillages de nourriture.
Cette
vaste poubelle qui déborde devient une ombre préoccupante sur le modèle de
développement qui a régi ces 5 dernières décennies l’économie des pays occidentaux.
Un modèle économique qui, aujourd’hui – nous le savons avec certitude -
apparaît totalement insoutenable.
Peut-on
encore accepter une économie qui se mesure uniquement sur la croissance du P I B et
se fonde sur l’augmentation continue de la consommation, sans prendre en compte le fait que les ressources naturelles sont
limitées et que notre planète possède des frontières physiques, limites
infranchissables à la croissance ? Une économie qui n’a jamais vu dans le
gaspillage des ressources, en particulier celles alimentaires, un facteur
négatif, et qui l’a même toléré, en le considérant comme un sous-produit
inéluctable de son modèle de production. Toléré, voire stimulé.
La
réalité culturelle, sociale et économique dans laquelle nous souhaitons vivre
n’accepte pas plus les inégalités, les injustices, que le gaspillage.
Cette préoccupation n’est pas nouvelle puisque la Conférence
mondiale sur l’alimentation avait déjà indiqué… dès 1974 que la réduction des pertes de nourriture après récoltes
dans les pays en développement pouvait constituer un moyen de lutter
efficacement contre la faim dans le monde.
Faut-il rappeler que, 40 ans plus tard, le nombre de
sous-nutris sur la planète avoisine les neuf cents millions ? Que dans ce
monde gavé de nourriture, un enfant meurt de faim toutes les 6 secondes ?
qu’en France même 3,5 millions de personnes recourent aux associations de dons
alimentaires et qu’en 2013-2014, les Restaurants du cœur ont distribué 130
millions de repas à près d’un million de personnes.
Il
ne s’agit pas seulement dénoncer une réalité, mais surtout trouver
des explications et solutions possibles.
C’est le modeste objectif de cette brochure.
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